Éditeur : Kensington Publishing
Date de parution originale : 2009
352 pages
Résumé :
Dans le cadre de son cours de littérature, Ellie Barnett doit étudier « Orgueil et Préjugés » de Jane Austen. Alors que ses pensées sont plutôt tournées vers Sam Blaine, son curieux et incontrôlable camarade de classe, elle s’aperçoit soudain que la voix de la romancière anglaise a pris place dans son esprit et qu’elle semble résolue à y rester… Jane Austen entreprend alors de guider, conseiller et aider la jeune fille à traverser son adolescence, puis à s’épanouir dans sa vie d’adulte (on suit Ellie de son adolescence à ses 34 ans).
Mon avis :
J’ai découvert ce livre en furetant sur le blog de « Fée Bourbonnaise », après ma découverte de Jane Austen. J’avoue avoir été d’abord attirée par la jolie couverture du livre. Et puis j’étais à ce moment-là en pleine recherche de lectures en anglais… Ce roman est pour moi une très bonne découverte, qui a su clore l’année 2010 sur une bonne note, même si je reste partagée sur le livre en lui-même… Beaucoup d’éléments m’ont gênée durant la lecture, mais bizarrement, j’en suis quand même sortie avec une très bonne impression (ça m’arrive souvent d’avoir ce sentiment en terminant un livre…).
Dès le début, les personnes ayant apprécié « Orgueil et Préjugés » seront contentes d’y retrouver des références au roman. L’auteur, à travers les pensées et remarques de Jane Austen, prend en effet un malin plaisir à comparer les garçons de l’entourage d’Ellie aux personnages du roman (il me semble, je n’ai pas le livre sous la main je ne peux donc pas vérifier, qu’on ne mentionne jamais de personnages des autres romans de Jane Austen, ce qui est peut-être un peu dommage d’ailleurs…). Un tel est le « Wickham » d’Ellie, un autre éventuellement son « Darcy »… J’ai trouvé cette utilisation du roman de Jane Austen amusante, d’autant plus que chaque chapitre présente en en-tête une citation du livre s’adaptant à un évènement de la vie d’Ellie qui y est décrit. D’autant plus que l’écriture de l’auteure est juste, et qu’elle sait parfaitement faire parler les adolescents avec tact et humour.
« I always thought Homer painted his character Odysseus as a real slow learner with that whole twenty-year-journey thing. I mean, what kind of an idiot needs two decades to understand a simple lesson like : “Don’t be arrogant in the eyes of the gods?” »
J’ai beaucoup aimé le lien qui se tisse entre Ellie et Jane Austen. Tous les évènements de la vie de la jeune fille, des plus anodins aux plus traumatisants, sont suivis et partagés par la romancière. Qu’elle soit touchée, irritée ou choquée par le comportement de sa protégée, elle est toujours présente pour la conseiller et la consoler. J’ai aussi apprécié l’évolution de sa relation avec sa sœur, à la fois tyrannique et blessante durant l’adolescence, puis à l’écoute et attentive en grandissant. De même, j’ai beaucoup aimé l’amitié entre Ellie et sa cousine, Angelique, adolescente surdouée et hautaine au début du roman, qui se révèle finalement très drôle, sensible et à l’écoute en grandissant. Les passages où elle est présente sont souvent plus légers, et ils sont souvent les bienvenus après certaines scènes de la vie amoureuse d’Ellie.
Car il faut avouer qu’il arrive décidément beaucoup de péripéties à cette chère Ellie… C’est justement ce qui m’a un peu agacée dans ce livre, cette capacité d’Ellie à attirer le malheur (je sais que ce n’est pas vraiment sa faute, mais quand même…). Mais c’est aussi le message que Jane Austen cherche à faire passer à Ellie à travers ses remarques : à force de ne pas s’écouter soi-même, on finit souvent par refaire les mêmes erreurs.
« I didn’t know who I was. I didn’t know who I wanted to be with. »
D’autre part, les préoccupations d’Ellie m’ont souvent semblé si exagérées que je ne suis pas toujours parvenue à m’identifier et à m’attacher à son personnage. Le fait qu’elle pense au mariage et aux enfants à peine une semaine après être dans une nouvelle relation m’a semblé assez surprenant chez une personne de son âge… A ce niveau-là, mon point de vue est très personnel, mais ça m’a un peu déroutée de voir une jeune femme de 20 ans angoisser parce qu’elle n’a pas encore trouvé le grand amour et qu’elle n’est pas mariée ! C’est un point de vue justifiable mais qui ne m’a pas vraiment séduite…
Je crois que j’aurais souhaité parfois être face à une héroïne plus indépendante, un peu plus éloignée de toutes ces interrogations… et donc plus proche des héroïnes de Jane Austen. Ellie se fait souvent manipuler par son entourage et ne semble pas s’en rendre compte. J’ai souvent eu envie de la secouer et de lui demander d’agir un peu plus à la Elizabeth Bennet ! Mais bon, ce n’était pas forcément le but de l’auteure, et Ellie se rattrape bien par la suite…
Dans le même temps, Jane Austen m’a semblé quelque peu rabat-joie parfois. J’aurais préféré qu’elle fasse preuve de plus d’humour vis-à-vis des situations, puisque c’est l’image que je me fais de cette auteure. Malgré tout, on sent toujours une profonde affection de la part de Jane Austen pour la jeune fille.
« You are more imaginative than any of them. Your cousin. Your siblings. Even your schoolmates. They have talents, to be sure, but beyond an intelligent mind there must be a creative spirit. It is not enough to absorb mere facts. True inventions is in the application of vision.”
Malgré tout, au fur et à mesure du roman, cela évolue. On sent bientôt Ellie plus maîtresse de son destin, plus autonome dans ses relations. Elle sait ce qu’elle veut, elle ne se laissera plus marcher sur les pieds ni être manipulée par ses amis ou sa famille. Des scènes pleines d’humour font leur apparition, durant lesquelles Ellie a souvent des répliques cinglantes, et ce pour mon plus grand plaisir…
J’ai oublié un détail important, c’est le personnage de Sam Blaine. Ce petit arrogant, à la fois rebelle et bon en classe, inaccessible et au comportement souvent incompréhensible, m’a bizarrement tout de suite plu. Dès le début, c’est à ce personnage que je me suis attachée plutôt qu’à Ellie ou ses nombreuses conquêtes… Comme si, malgré ses idioties et ses maladresses, il était déjà un peu plus adulte, un peu plus clairvoyant au niveau de ses envies et de sa vision de la vie.
Je ne sais pas vraiment ce qu’il ressort de cette critique en la lisant, mais même si ce n’est pas clair, j’ai quand même beaucoup apprécié la lecture de ce roman ! Malgré l’écriture en anglais, je l’ai trouvé très facile à lire. Les scènes passent facilement de la tristesse à la tendresse et l’humour est souvent présent, ce qui en fait une lecture très agréable et qui remonte le moral. Je le conseille en priorité aux filles, et en particulier aux lectrices de Jane Austen.
Autour du livre :
- Sur son site internet, Marilyn Brant propose la BO de son livre « According to Jane », constituée des musiques qui rythment la vie d’Ellie au cours de sa vie. On y trouve donc : True (Spandau Ballet), Don’t Look Back (Boston), Like a Virgin (Madonna), The End of the Innocence (Don Henley), Sister Christian (Night Ranger), Need You Tonight (INXS), Love is a Battlefield (Pat Benatar), Addicted to Love (Robert Palmer), Patience (Guns ‘N Roses), Listen to Your Heart (Roxette), I Want to Know What Love Is (Foreigner), Make Me Lose Control (Eric Carmen), You Give Love a Bad Name (Bon Jovi), Stone in Love (Journey), Hungry Like the Wolf (Duran Duran), White Wedding (Billy Idol), The Safety Dance (Men Without Hats). Une BO très 70’s & 80’s donc, qu’il n’est pas forcément nécessaire d’apprécier pour aimer le livre.
- Toujours sur son site internet, et également présent dans le livre, Marilyn Brant a établi un guide de discussion autour de son roman, qu’elle a utilisé lors de rencontres avec des « Book clubs » et qui m’a aidée à écrire cette critique quand je ne me souvenais plus de certains éléments du livre…