Les chemins de la liberté – Peter Weir

Bande-annonce

Date de sortie : 26 janvier 2011

Réalisateur : Peter Weir

Scénaristes : Peter Weir, Keith Clarke, d’après l’oeuvre de Slavomir Rawicz, « A marche forcée »

Acteurs : Jim Sturgess, Ed Harris, Saoirse Ronan, Colin Farrell, Mark Strong, Gustaf Skarsgard, Alexandru Potocean, Sebastian Urzendowsky…

Résumé :

En 1940, une petite troupe de prisonniers décide de s’évader d’un camp de travail sibérien. Pour ces hommes venus de tous les horizons, s’échapper de cet enfer ne sera que le début de l’aventure… Ensemble, ils vont parcourir plus de 10.000 kilomètres, à travers la toundra sibérienne glacée, traversant les plaines de Mongolie, les fournaises du désert de Gobi puis les sommets de l’Himalaya pour franchir la Grande Muraille de Chine. Certains s’arrêteront en chemin, d’autres ne survivront pas aux épreuves. L’Inde – alors sous contrôle anglais – est le but ultime. Mais la route est longue, les rencontres risquées, les conditions physiques épouvantables, et chacun a ses secrets…

(Source : Allociné)

Mon avis :

Cela fait déjà quelques mois que j’attendais la sortie de ce film, tant on m’avait parlé avec passion du livre dont il est adapté, « A marche forcée » de Slavomir Rawicz, paru aux éditions Phébus (une mine d’or en ce qui concerne les récits de voyage…). J’avais eu un peu peur tout de même en constatant la présence au casting de Colin Farrell, ce qui me faisait craindre une adaptation un peu trop américaine du roman. Finalement, je trouve que ce n’est pas du tout le cas, et ce film a même vraiment été pour moi un un coup de cœur !

Comme d’habitude, je vais commencer par les acteurs de ce film… J’ai beaucoup aimé le personnage joué par Jim Sturgess, acteur que j’avais déjà repéré dans « Across the universe » de Julie Taymor (sorte de comédie musicale dans l’Amérique des années 70 et basée sur les chansons des Beatles…) et « Deux sœurs pour un roi » de Justin Chadwick. Vous pouvez d’ailleurs voir ici l’extrait d’« Across the universe » dans lequel il chante une reprise des Beatles, « I’ve just seen a face » et que j’écoute régulièrement en boucle… Pour en revenir à lui, j’ai beaucoup aimé son rôle de jeune Polonais trahi par sa femme, qui l’a dénoncé aux autorités soviétiques et donc involontairement condamné au goulag, et qui va de fil en aiguille mener une bande de prisonniers à s’évader de ce camp perdu en pleine Sibérie.

Dès les premiers jours de cette fuite, il devient sans forcément le vouloir le leader de ce groupe hétérogène composé d’un Américain (Ed Harris), d’un criminel (Colin Farrell), d’un artiste, d’un prêtre (Gustaf Skarsgard), d’un jeune aveugle et par la suite d’une jeune fille en fuite elle aussi (Saoirse Ronan)… Ed Harris est également très bon dans son rôle d’Américain émigré en URSS suite à la crise économique de 1929 et au triste passé. L’arrivée de Saoirse Ronan dans cet univers masculin est également une bouffée d’air frais. Ses yeux bleus tranchent dans les paysages désertiques brûlants et attirent le regard sur son visage enfantin. D’abord vue comme une bouche supplémentaire à nourrir par les anciens prisonniers du goulag, elle devient peu à peu la femme-enfant à protéger et à laquelle on se confie…

Le film doit l’essentiel de son charme au périple héroïque effectué par les personnages. A l’origine emprisonnés dans un goulag en Sibérie, ils décident de s’en échapper plutôt que d’y mourir. Au total, ils parcourent  plus de 10.000 kilomètres, subissant la famine, la soif et la misère, des -50°C  de l’hiver sibérien aux chaleurs extrêmes du désert de Gobi. Peu à peu, les personnages ressortent de cette épreuve transformés. L’entraide, la bonté, l’amitié, le pardon et la confiance deviennent peu à peu les valeurs dictant leurs actions.

Comme son nom l’indique très bien, ce film parle surtout de liberté. Janusz, le personnage principal joué par Jim Sturgess, l’exprime très bien à travers cette phrase qui montre sa perpétuelle persévérance : « Tous ne survivront pas, mais ils mourront libres ». A travers leur périple, ils marchent seuls dans les forêts sibériennes, sur les rives du lac Baïkal, dans les plaines de Mongolie, le désert de Gobi ou encore à travers l’Himalaya. Ils semblent libres dans ces paysages à la fois magnifiques et dangereux, mais ils ne le sauront que lorsqu’ils seront sortis de ce bloc soviétique qui les a condamnés. La beauté des paysages est à couper le souffle, la présence de la société « National Geographic Films » à la production y étant sans doute pour beaucoup.

Voici donc un film que je conseille à tout le monde, particulièrement à ceux qui sont séduits par les paysages magnifiques traversés. Le réalisateur a parfaitement réussi à rendre compte de l’exploit réalisé par ces évadés, sans tomber dans le sensationnel ou le romanesque. Je pense également que le roman dont il est adapté est à lire, ce que je ferai sans doute de mon côté assez rapidement…

 

Autour du film :

  • Ce film est donc une adaptation du roman de Slawomir Rawicz, « A marche forcée », publié en 1956 et vendu à plus de 500.000 exemplaires, qui se serait inspiré de compatriotes ayant réalisé ce défi.
  • Ed Harris s’est pour son rôle inspiré du livre « Les abandonnés », écrit par Tim Tzouliadis en 2008 et qui traite de ces nombreux américains installés en Europe afin de fuir la crise de 1929, envoyés dans les goulags par les autorités soviétiques et souvent oubliés par leur pays d’origine.
  • Les comédiens ont été formés à la survie en milieu hostile par Cyril Delafosse-Guiramand, aventurier et conseiller technique sur le film, qui a lui-même effectué le trajet réalisé par ces évadés du goulag, de Magadan en extrême-orient russe à Calcutta en Inde.
  • Peter Weir n’avait pas réalisé de nouveau film depuis « Master and Commander » en 2003, dans lequel on pouvait suivre les aventures et découvertes du vaisseau du capitaine de la Marine Royale Britannique Jack Aubrey, interprété par Russel Crowe. Avant, il avait entre autres réalisé « The Truman Show » en 1998, « Le cercle des poètes disparus » sorti en 1990, ainsi que le film « Witness » en 1985.